Le Mystère du 4-3-3.

Publié le par la-rage-et-le-ballon.over-blog.com

Ca commençait bien.

 

C'était bon, excitant, vivant ! L'équipe semblait heureuse, les relations entre les joueurs étaient paisibles, chacun jouait à son poste, comme une belle bande de potes sur un terrain vague. On attendait le match suivant avec impatience : confirmer, confirmer, confirmer, et faire enfin rêver.

 

Cette euphorie avait un nom en forme de trois chiffres, clé scientifique des schémas tactiques : 4-3-3.

La rumeur avait paru la semaine dernière, à quelques 48 heures de rencontrer le lointain Costa R. : Raymond D. avait eu une illumination. Pendant la nuit, l'archange Gabriel l'avait honoré de sa visite et lui avait soufflé l'ire divine en forme de complainte : "Pourquoi, doux demi-diable, t'entêtes-tu à n'écouter personne? Si ce n'est eux, ce sera donc ton Père, que tu entendras par ma voix. Il faut attaquer, beau Raymond, il est temps..." Le lendemain, l'homme à la chevelure d'argent remplaçait la séance de lutte gréco-romaine par une mise en place tactique plus catholique. Un retour aux racines nationales et au football latin. L'attaque!

 

Qui le crut? Peu de monde, ô hommes de peu de foi. C'était trop beau de voir vos prières exécutées. C'était un entrainement, sans doute, sans plus, mais voilà que le miracle s'est produit. L'équipe joua, courut, passa, frappa, percuta, rit, sourit, perfora et marqua! Champions du Monde. Tout était pardonné, tout était oublié. Oubliées les offenses, oublié le dernier Euro, oubliés les errances morales des uns et l'égoïsme des autres. On donnait du temps à Nicolas A. pour prendre ses marques, on plaignait Thierry H. de couper les oranges - on louait néanmoins son doigté. Raymond au matin du 27 mai, c'était Aimé au soir du 12 juin.

4-3-3. C'est beau, ça sonne bien. Trois attaquants! Bon, l'un d'eux c'est Sidney G. Bon, l'autre c'est Nicolas A. Mais le troisième! et quel troisième! Du zouk! Francky! L'homme à la tête de chouchou! Le Zizou de Boulogne-sur-mer. Pensez-vous! Et derrière lui, Apollon G. et Cléopâtre M. Ce ne sont pas trois mais cinq attaquants - on dit "joueurs à vocation offensive". Vocation... Appel... La Voix du Peuple... Raymond à ses sifflets, du bas de son banc de touche : "Je vous ai compris..."

 

Tu parles!

 

Il fut Aimé et aussitôt Roger. Comme André G. et son mariage cent ans plus tôt, c'est à Sousse que se brisa Raymond D. et son 4-3-3. La défense était frileuse, le jeu inexistant, l'adversaire gigantesque : l'Aigle contre le Coq - combat titanesque. Et l'aigle dans ses serres a emporté au loin nos minces espoirs. Le coq chante au petit matin : match de préparation... On se réveille, on ne veut pas y croire. fatigue naturelle... Il faut ouvrir les yeux. rôdage... Sera-ce une nouvelle désillusion?

Les loups, déjà, s'acharnent. André-Pierre G. contre Nicolas A... On ne passera pas le premier tour... Il fallait prendre Machin X...

William G. a rechuté. On ne souffre plus de tuberculose : la maladie des héros, aujourd'hui, est musculaire.

 

Nous sommes seuls. Seuls sur une île. Mais l'espoir vient d'Orient...

Publié dans Jeu

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